La Sainte Église


Quelques mois après son élection, le 7 avril 1378, le pape Urbain VI — alcoolique, violent et tyrannique — a déjà fait contre lui l'unanimité des cardinaux. Aussi bien l'archevêque de Bari n est-il pas le vrai pontife au regard du Droit canon. Pourquoi ? Parce que, avant le conclave, le cardinal aragonais Pedro de Luna, ou Pierre de Lune, semblait devoir rallier tous les suffrages. Mais en ville, on voulait un pape romain, ou au moins italien, et la foule s'était rassemblée, menaçant d'égorger les prélats s'ils ne changeaient pas d'avis. On le sait, l'esprit est fort mais la chair est faible : «Plutôt élire le diable que mourir », s'écria le cardinal d'Aigrefeuille, résumant avec une louable franchise l'opinion générale. Le Sacré Collège, terrorisé, s'était donc déjugé et avait « choisi » un Italien, l'archevêque de Bari.

Les cardinaux n'avaient pas tardé à être punis de leur lâcheté par l'attitude de l'irascible Urbain VI à leur égard et, sachant pertinemment que son élection était nulle car entachée d'impressio (c'est-à-dire de pression extérieure), ils se réunirent à nouveau en conclave à Fondi et le 20 septembre 1378 élurent Robert de Genève. Celui-ci prit le nom de Clément VII et s'installa à Avignon — inversant ainsi le symbolisme de l'exil puisque c'était Rome qui représentait en l'occurrence la « neuve Babylone ». Comme bien l'on pense, l'Europe fut déchirée, les États prenant parti pour l'un ou l'autre pape selon leurs intérêts politiques. A Rome même, Urbain VI avait de moins en moins de partisans, et deux des rares cardinaux qui lui étaient restés fidèles se rallièrent à Clément VII. Ses successeurs tout aussi illégitimes manifestèrent une égale maladresse.

Le pape avignonnais, au contraire, gouvernait avec sagesse et mesure, et il eut en la personne de Pierre de Lune, enfin élu sous le nom de Benoît XIII, un successeur admirable que le Dictionnaire encyclopédique d'Histoire de Michel Mourre [1] qualifie d'« homme de grand savoir et de moeurs rigoureuses ».

Le schisme n'en avait pas moins des conséquences dramatiques pour la chrétienté. (Curieusement, les pays qui prirent parti Contre Benoît XIII furent ceux où se développa plus tard le protestantisme...) A l'initiative de l'université de Paris et de ses docteurs (Gerson, Clémengis et Pierre d'Ailly) un concile se réunit à Pise en 1409, déposa les deux papes antagonistes et crut régler la question en en nommant un troisième, Alexandre V, qui mourut bientôt et fut remplacé par Jean XXIII, dont le « numéro » indique à lui seul qu'il fut un « authentique » antipape, reconnu comme tel par la postérité. Ainsi n'avait-on fait qu'accroître la confusion. Un nouveau concile se réunit pourtant à Constance de 1414 à 1418, inspiré cette fois par l'empereur Sigismond, récemment élu, dont nous aurons à reparler dans un tout autre contexte. Très Conscient des enjeux du schisme et non moins averti des réalités traditionnelles d'ordre ésotérique, il voulait, comme roi des Romains, être sacré par un seul pape et de préférence le vrai... Fort habilement, il convainquit Jean XXIII (dont la reconnaissance par de nombreux pays était paradoxalement proportionnelle au discrédit qui le frappait), de demander, ainsi qu'il était nécessaire pour ne pas renouveler l'erreur de Pise, la réunion de ce concile général, qui s'ouvrit donc à Constance le 1er novembre 1414. La première victime » allait en être... Jean XXIII, qui avait d'abord cru à une reconnaissance officielle de sa légitimité, mais qui, comprenant enfin son rôle, s'enfuit honteusement à deux reprises et fut à deux reprises ramené devant le concile, qui, après un procès, le déposa le 29 mai 1415.

Envers Grégoire XII, Sigismond se montra plus amène, et les choses se passèrent à l'amiable, le pape envoyant sa démission en échange de l'évêché de Porto et de la légation de la marche d'Ancône.

Restait Benoît XIII (le seul cardinal nommé avant le schisme) qui, selon les lois de l'analogie inverse, achevait glorieusement un « exil » avignonnais inauguré par Clément V dans la réprobation. L'empereur n'avait pas réservé par hasard son cas pour la fin : Sigismond en effet se déplaça en personne à Perpignan, le 18 juillet 1415, et se prosterna aux pieds de Benoît. Certes, après cette reconnaissance publique de sa légitimité, l'empereur adjura tout aussi officiellement le vrai pape d'abdiquer, pour ramener l'unité, mais cette demande s'inscrivait en fait dans un « rituel mineur », et la réponse attendue devait être non moins rituellement un refus... Ainsi, grâce à l'action de Sigismond, était assurée la double exigence de la pérennité du pontificat de Benoît et... de son occultation.

Pedro de Luna marqua en quelque sorte le début de cette « vie cachée » en se retirant en Espagne dans la vieille citadelle de Peñíscola — image de la véritable Église, roc inébranlable battu par les flots montants de l'erreur et de la négation. C'est là qu'il reçut la sentence du concile de Constance qui poursuivait, lui, son oeuvre « exotérique », la seule accessible, probablement, à la majorité de ses membres. Cette sentence, — dont la contradiction formelle avec la reconnaissance antérieure du concile n'était peut-être pas non plus involontaire... — déclarait « Pierre de Lune, soi-disant pape », déchu de tous ses droits, et nommait un nouveau pontife, Martin V (Otto Colonna).

Après que les envoyés eurent délivré leur message, Benoît XIII s'approcha de la fenêtre d'où l'on découvrait le roc, majestueusement dressé sur l'immensité de la mer qui scintillait sous le soleil d'été, puis, se retournant vers ses visiteurs : « Ici, c'est l'arche de Noé ! [2] »

Le « Pape de la Mer » restait, depuis le rocher de Peñíscola, le seul pontife légitime au regard du dogme catholique et du Droit canon.

Quelque temps avant sa mort, il nomma quatre cardinaux dont l'un, Jean Carrier, fut envoyé en mission dans le Midi de la France. Mais les trois cardinaux qui étaient restés avec le pape à Peñíscola furent « achetés » par le roi d'Espagne et, sans même attendre la mort de Benoît XIII, ils élurent le favori du monarque, Gil Munoz, qui devint Clément VIII. À son retour en Espagne — et Benoît XIII étant mort — Jean Carrier apprit avec colère la trahison et la simonie des cardinaux qui, bien sûr, invalidaient cette nouvelle élection pontificale. En foi de quoi, et comme le Droit canon l'y autorisait, après une messe du Saint-Esprit, il se constitua à lui seul conclave légitime et procéda à l'élection de Bernard Garnier, prêtre français du diocèse de Rodez, qui prit le nom de Benoît XIV. Traqués par tous ceux dont ils menaçaient les intérêts, ils se réfugièrent dans le Centre de la France, où Benoît XIV mourut quatre ans plus tard après avoir nommé quatre cardinaux secrets, qui élurent Jean Carrier pape, sous le nom de Benoît XV.

Le Grand Schisme d'Occident proprement dit prit fin avec l'abdication de Clément VIII, l'« élu simoniaque » protégé du roi d'Espagne et finalement abandonné par ce dernier. Martin V de Rome restait donc seul, officiellement du moins, car, on vient de le voir, la succession de Pierre de Lune avait été assurée. Ainsi en fut-il jusqu'à nos jours, et en sera-t-il jusqu'au Retour glorieux du Christ, afin que se réalisent les promesses du Sauveur à son Église, à sa véritable Église. Car si le Vatican est subverti, le « Dépôt de Pierre » n'en reste pas moins à Rome, ainsi que nous l'allons voir. Comme le dit très justement Pierre Geyraud, à qui nous sommes largement redevable de l'historique qui précède [3] : « L'essentiel est que Pierre, cette pierre sur qui le Christ a bâti son Église [...] dure à travers les siècles par la personne d'un successeur légitime. Il n'importe aucunement que cette succession soit ou ne soit pas éclatante, et que ses détenteurs soient ou ne soient pas connus du monde. Il est nécessaire et suffisant qu'elle existe. Alors seulement le dessein de la Providence est sauvegardé. Posez le Chef, vous posez en même temps l'Église.

« Le Chef légitime, s'entend. La qualité de successeur de Pierre doit être conçue comme quelque chose de concret, qui se transmet, qui se véhicule en vertu de procédures spéciales. S'il y a interruption dans cette succession, le détenteur du Pontificat romain peut, en fait, diriger les destinées temporelles de l'Église, il n'en est pas moins dépourvu en droit de l'essentiel au regard de Dieu, la légitimité. Par contre le véritable successeur de Pierre n'a plus besoin de l'éclat du monde pour être le chef spirituel de l'Église, nécessaire à sa complétude. Même ignoré de tous, il remplit le rôle que lui assigne la Providence. »

On ne saurait mieux dire. Et dans la nécessité où elle se trouvait du fait des conditions cycliques, de conserver un impénétrable secret, la Sainte Église du Christ poussa plus loin encore son sacrifice : elle conféra systématiquement à l’évèque de Rome la légitimité qui lui manquait, et que seul pouvait lui donner le « Dépôt de Pierre ». Cela par un acte rituel de dépossession du vrai pontife au profit de celui qui résidait au Vatican. A chaque désignation par l'Église triomphante (manifestée par l'ésotérisme chrétien) du véritable « évêque dépositaire » — désignation effectuée de façon immédiate car aucune solution de continuité n'est ici possible — celui-ci cédait sa qualité au pape élu par le conclave, sans que ce transfert occulte nécessitât l'acquiescement du bénéficiaire, ni d'ailleurs qu'il en fût informé, ainsi que nous l'avons déjà expliqué. Le rite est en effet efficace ex opere operato.

Nous ne le redirons jamais assez : on commettrait une grave erreur en déduisant de ce qui précède l'existence d'une sorte d'Église parallèle, un peu à la manière du shadow cabinet propre à la vie politique britannique ! Il n'existe qu'une seule Église, et le fait que le Dépôt de Pierre soit au centre de ces considérations en constitue la preuve la plus décisive. Simplement, le noyau fidèle sur qui repose la tâche écrasante de gouverner invisiblement la barque de Pierre, et qui redistribue à la communauté les influences dispensées par l'Église triomphante, permet en retour aux initiés chrétiens la participation aux sacrements. Car depuis la grande rupture marquée par la destruction du Temple (très précisément depuis 1315), l'ésotérisme a dû se retirer de tout ce qui manifeste visiblement l'Église, et l'initiation est désormais incompatible avec le sacerdoce. S'il y eut jadis bien des prêtres ou des évêques (tel saint Clément d'Alexandrie) relevant en même temps de l'ésotérisme stricto sensu, ce n'est donc plus possible aujourd'hui, où les structures ecclésiastiques visibles, redisons-le, sont d'ailleurs en passe d'être subverties, ainsi que l'avait prédit le Christ en adressant à Pierre [4] les paroles terribles que l'on sait. Si le véritable « évêque dépositaire » assume lui aussi la trahison de Pierre, en mode sacrificiel et pour participer aux souffrances de la communauté, l'évêque de Rome l'assume pour sa part en toute inconscience. Mais cette subversion, dira-t-on, est en contradiction avec le rite « automatique » de dévolution du Dépôt de Pierre à l'évêque de Rome, puisque : là où est Pierre, là est l'Église. Certes, mais la légitimité du pape romain ne tenait qu'à un mandat parfaitement révocable, et qui de fait a été révoqué depuis la mort plus que suspecte de Jean-Paul Ier — que l’on a pas à proprement parlé assassiné, comme il a été dit, mais que l'on a délibérément laissé mourir, ce qui est encore plus lâche.

Et nous prévenons ici une nouvelle objection. Jean-Paul Ier, qui, nonobstant certaines apparences, eût freiné le processus de la décadence vaticane, ne fut pas le premier pape à subir ce sort : saint Pie X, pour ne pas remonter très loin dans le passé, fut lui, bel et bien empoisonné. De même, l'élection illégitime, au XIVème siècle, de l'archevêque de Bari, fut précédée au fil des siècles de bien d'autres irrégularités majeures. Mais la fin du cycle était encore suffisamment éloignée pour que l'économie providentielle exigeât le maintien d'un certain ordre des choses — moyennant de nécessaires interventions « réparatrices » — et que les brèches fussent comblées. Mais dans le cas d'Urbain VI comme dans celui de Jean-Paul Ier, le processus de dégénérescence était trop avancé pour que la Providence pût encore intervenir. Aussi, plus que comme des causes véritables du retrait des influences spirituelles, faut-il considérer ces deux épisodes comme des intersignes.

Quoi qu'il en soit, désormais, l'évêque de Rome n'est plus « dépositaire »… et il n'est donc plus souverain pontife. Mais le vrai pape n'en réside pas moins dans la Ville Éternelle. Et que le Vatican soit destiné à succomber devant les puissances des ténèbres [5] n'empêche pas que Rome soit toujours dans Rome — puisque les promesses du Christ à son Église sont sans repentance. La Miséricorde divine débordant toujours de toutes parts la pauvre mesure humaine, il y a même, en ces temps de la fin, un afflux de grâces, et certains « allègements ». Ainsi le Vatican fait-il montre d'une rigueur — voire d'une cruauté — tout à fait injustifiée en écartant des sacrements les divorcés. De même, si le mariage (qui n'a d'ailleurs jamais été un vrai sacrement [6]) reste bien sûr préférable, il n'est pas indispensable à une vie de couple pleinement chrétienne. Enfin, la confession auriculaire —  eu égard à certaines attitudes du clergé (souvenons-nous du Laus...) et au risque de « complications psychologiques » — n'est plus exigée (même si là encore elle reste préférable). Elle peut être remplacée par une « autoconfession » dans laquelle on examine ses manquements à l' « orthodoxie » et à l'« orthopraxie », la Sainte Église compensant les oublis...

Cela étant précisé, certains s'interrogeront, et il est difficile de leur reprocher cette curiosité, sur les rapports éventuels de tel ou tel chrétien célèbre avec cette dernière. Nous mentionnerons simplement le curé d’Ars, qui acheva son existence en qualité d'évêque de la Sainte Église, après que celle-ci l'eut détrompé sur la fausse apparition de La Salette — comme elle avait détrompé sainte Catherine Labouré sur celle de la rue du Bac (échec complet pour la contre-initiation puisque le Ciel a rendu la médaille miraculeuse totalement bénéfique !). Enfin, nous avons évoqué le cas de saint Pie X. Nous verrons qu'il fut informé par la Sainte Église des mystères de Rennes-le-Château, mais une autre particularité de son règne a déjà été relevée : contrairement à son prédécesseur Léon XIII, il ne formula aucune condamnation contre la Maçonnerie. Étonnante abstention (songeons au climat de l'époque) due, on s'en souvient, au fait que les évêques de la Sainte Église sont en même temps des Maçons opératifs — ce qui permet aussi de mieux appréhender la fonction de cet exotérisme qui par l'intermédiaire du Souverain Pontife, héritier du Pontifex Maximus, établit précisément l'indispensable pont avec le domaine ésotérique. On nous rétorquera, il est vrai, que des Maçons opératifs ne peuvent être qualifiés d'exotéristes, même si leur domaine est celui des petits mystères. Certes, mais l'hermétisme, dont relève la Maçonnerie opérative, n'est pas l'ésotérisme chrétien. Nous ne dissimulerons pas que cette situation complexe, propre au christianisme, trouve en partie son origine dans le fait que cette tradition est la seule à posséder, depuis le XIVème siècle, deux « éons [7] » distincts, régissant respectivement l'ésotérisme et l'exotérisme. Étant rappelé que l'éon de ce dernier est le même, justement, que celui de l'hermétisme. Ainsi que nous l'avons expliqué plus haut, le fait de ne point constituer une tradition complète mais de se limiter aux petits mystères, permit à l'hermétisme de s'intégrer à l'Islam et au christianisme, et donc de constituer le vecteur naturel d'un véritable oecuménisme, qui fait aussi partie des attributions de la Sainte Église. Au reste, il importe de savoir que cette désignation recouvre non point le seul catholicisme mais l'ensemble du christianisme, et donc l'orthodoxie, qui, nous l'avons dit, en constitue la modalité la plus haute, et le vrai protestantisme. En outre, depuis Vatican II (ce dont nul ne s'étonnera...), cet oecuménisme authentique et seul légitime, inhérent à la constitution même de la Sainte Église, trouve son expression concrète dans la participation de représentants qualifiés de ces trois formes du christianisme à des rites communs, et en premier lieu à l'hésychasme véritable, dont ce qui est connu extérieurement sous ce nom n'est qu'une édulcoration. Ceci préfigure donc directement la reconstitution de la « robe sans couture » qui sera effective lors de la Descente du Pasteur unique.

Mais ici, il nous faut faire halte pour répondre à une question déjà présente, sans nul doute, à l'esprit de nombreux lecteurs de Guénon. Tout cela en effet ne contredit-il pas d'inacceptable façon les jugements « pessimistes » formulés par le Maître à l'égard du christianisme en général et du catholicisme en particulier ? Si, bien sûr, mais la réponse est aussi courte que décisive, pour la véritable compréhension d'un livre que les « guénoniens » rejetteront ou accepteront ici même.

C'est que le témoin de la Tradition (et de toutes les traditions) devait occulter ce sujet brûlant — de même sans doute qu'il occulta cette « mission de la France » qui en est indissociable — eu égard justement à l'importance et à la spécificité du rôle assigné au christianisme en cette fin de cycle. Disons-le très simplement : si l'on nous permet cette image, il devait détourner « l'intérêt » de la contre-initiation, comme un résistant inverse les poteaux signalisateurs pour tromper l'envahisseur... Ce ne fut pas, l'on s'en doute, sans des déchirements intimes qu'il serait inconvenant pour nous de chercher à préciser ou à évaluer, et cela n'alla pas non plus sans de miséricordieuses « compensations » pour ceux qui contre vents et marées restèrent fidèles à leur tradition d'origine... à laquelle Guénon les avait d'ailleurs souvent ramenés. C'est aussi dans cette perspective compensatrice qu'il faut comprendre les multiples mises en garde contre les « conversions » — annulant en quelque sorte sur le plan de la praxis, les velléités d'exotisme suscitées par son tableau décourageant du christianisme contemporain.

Bien des passages « épars » dans l'oeuvre et qu'il s'agit simplemnent de « rassembler », sont d'ailleurs fort explicites. Ainsi, dans Aperçus sur l'Ésotérisme chrétien [8], Guénon met-il l'accent sur l'absence de langue sacrée dans le christianisme, parallèlement à l'absence de « loi », de shariyah dirait-on en Islam. Tout en soulignant les inconvénients de cette situation, il précise : « Bien entendu, tout cela ne veut nullement dire qu'il n'y ait pas de raisons pour que le christianisme ait ce caractère exceptionnel d'être une tradition sans langue sacrée ; il doit au contraire y en avoir très certainement, mais il faut reconnaître qu'elles n'apparaissent pas clairement à première vue. » A moins d'admettre que Guénon, après tout, ne savait peut-être pas trop à quoi s'en tenir sur la nature véritable du christianisme (!), on conviendra que ces propos allusifs donnent à penser. Et cela d'autant plus que dans son étude d'« Un projet de Joseph de Maistre pour l'union des peuples [9] » il écrit ceci à propos de ce « christianisme transcendant » auquel aspirait de Maistre : « En somme, l'idée générale qui s'en dégage pourrait être formulée ainsi : sans prétendre aucunement nier ou supprimer les différences et les particularités nationales, dont il faut au contraire, en dépit de ce que prétendent les internationalistes actuels, prendre conscience tout d'abord aussi profondément que possible, il s'agit de restaurer l'unité, supranationale plutôt qu'internationale, de l'ancienne Chrétienté, unité détruite par les sectes multiples qui ont "déchiré la robe sans couture", puis de s'élever de là à l'universalité, en réalisant le Catholicisme au vrai sens de ce mot, au sens où l'entendait également Wronski, pour qui ce Catholicisme ne devait avoir une existence pleinement effective que lorsqu'il serait parvenu à intégrer les traditions contenues dans les Livres sacrés de tous les peuples. » (C'est nous qui soulignons.)

Tout ceci revêt une importance décisive. On peut dire en effet symboliquement qu'Abraham donnera naissance à une quatrième forme — que l'on peut voir comme une remanifestation analogique de la Tradition primordiale, ou comme l'« assomption » des trois religions du Livre — en relation avec Melki-Tsedeq et le Retour du Christ. Et c'est là bien sûr ce qui permet d'évoquer ce « christianisme transcendant » annoncé, nous l'avons vu, par la Transfiguration de Jésus. Puisqu'il est en somme « naturel » que la forme traditionnelle fondée par le dernier Avatâra majeur —  qui de surcroît revient clore le cycle — entretienne, au moins virtuellement, des affinités plus précises avec la théophanie ultime. Sans doute, ajoute Guénon, certaines conditions de ce « Grand Œuvre » échappaient-elles à Joseph de Maistre lui-même, mais : « Est-ce à dire qu'un tel plan ne pourra jamais être repris sous une forme ou sous une autre, par quelque organisation ayant un caractère vraiment initiatique et possédant le "fil d'Ariane" qui lui permettrait de se guider dans le labyrinthe des formes innombrables sous lesquelles est cachée la Tradition unique, pour retrouver enfin la "Parole perdue" et faire sortir "la Lumière des Ténèbres, l'Ordre du Chaos" ? Nous ne voulons aucunement préjuger de l'avenir, mais certains signes permettent de penser que malgré les apparences défavorables du monde actuel, la chose n'est peut-être pas tout à fait impossible ; et nous terminerons en citant une phrase quelque peu prophétique qui est encore de Joseph de Maistre, dans le IIe entretien des Soirées de Saint-Pétersbourg : "Il faut nous tenir prêts pour un événement immense dans l'ordre divin, vers lequel nous marchons avec une vitesse accélérée qui doit frapper tous les observateurs. Des oracles redoutables annoncent déjà que les temps sont arrivés". »

Cette phrase de joseph de Maistre, en relation directe, ici, avec un catholicisme conforme à son étymologie et qui aurait intégré les autres traditions, Guénon, nous le savons, la citera encore en conclusion de son livre sur Le Roi du Monde, où il est question, avec l'Agarttha, de Melki-Tsedeq, du christianisme, du Graal... et aussi de ce centre pvrénéen gardé par les « Templistes ».

De tous ces rapprochements se dégage irrésistiblement l'idée d'un christianisme transcendant dont l'« intégralité » renverrait par là même à sa « primordialité » selon l'« Ordre de Melki-Tsedeq », et qui — avant donc de « couronner » le triple message d'Abraham inspirerait plus directement l'ésotérisme chrétien et, à travers lui, la Sainte Église. Celle-ci, au milieu de l'effondrement et de la subversion du catholicisme romain, crucifié la tête en bas, apporterait alors aux chrétiens fidèles à la prière par excellence des temps de la fin — le Rosaire [10] — les secours spirituels indispensables pour braver les terribles dangers de la Grande Parodie. Et l'absence de loi et de langue sacrée propres au christianisme trouve sans doute dans cette assomption et cette universalisation finales sa raison profonde. Ce n'est d'ailleurs pas par hasard que Guénon, toujours dans son étude sur les langues sacrées, écrivait dans la note finale (décidément !) « L'étude de ces questions amènerait aussi à soulever celle des rapports du christianisme primitif avec l'essénianisme [...]. » Or, sait-on que les Esséniens (ils étaient quatre), qui sans jamais être en contact avec Lui, servirent en quelque sorte, par leur action de présence, de « réceptacle » à la Première Venue du Christ, pratiquaient rien de moins que la Tradition primordiale ?...

Si l'on comprend tout ce que cela implique, on comprendra aussi les raisons de « sécurité » déterminant l'occultation totale, depuis la fin du Moyen tige, de l'ésotérisme chrétien [11] (mais : « Cherchez et vous trouverez ») et celle également de la Sainte Église (renouant analogiquement avec l'Église des Catacombes) puisque le « coeur » de l'exotérisme devait être préservé, alors même que s'effondreraient ou seraient subverties, les structures nées du premier reniement de Pierre. Et cette subversion — revers de certains privilèges du christianisme que nous venons d'évoquer — constitue elle aussi une spécificité de cette tradition, puisque aussi bien c'est en Europe, et plus précisément en France, que se situera l'épicentre du dernier grand séisme suscité par les puissances d'en bas.

Est-il besoin de le souligner : nous n'avons pas parlé de « supériorité » mais bien de « spécificité » à propos de la tradition chrétienne. De la même façon, nous avons déjà évoqué le privilège propre au judaïsme, récapitulant et intégrant les traditions antiques, et qui, à travers ses véritables fidèles, constitue un tabernacle pour les nations ; et le privilège propre à l'islam, à qui est dévolu le rôle le plus important dans la répartition des influences spirituelles et dans la préparation « temporelle » de la Venue de Seyidna Aïssa. Privilège qui s'exprime très symboliquement par la préservation de la seule Cité de Médine de toute emprise de l'Antéchrist.

Il serait donc parfaitement vain de vouloir attribuer à l'une de ces traditions (de même bien sûr qu'à toute autre tradition non abrahamique) une supériorité « essentielle » sur les autres. Ce serait même offenser la Divine Providence dans ses Manifestations toutes également saintes et indispensables à l'ordre du monde. Pour nous en tenir ici au domaine abrahamique (que nous semblons privilégier uniquement pour des raisons « fonctionnelles »), le judaïsme, le christianisme et l'Islam (avec les réserves exprimées à l'instant relativement au christianisme « visible ») perdureront jusqu'au Retour du Pasteur sous la houlette de qui ils ne formeront plus qu'un seul troupeau [12], tout en conservant néanmoins une certaine spécificité au sein de cette « quatrième forme » évoquée plus haut. Ces traditions seront « fondues mais non confondues », pour parler comme Maître Eckhart, car, redisons-le encore, l'uniformité totale — reflet inversé de l'unité principielle — est un « privilège » exclusif du règne de la Grande Parodie.

Nous savons bien que ces considérations troubleront profondément certains guénoniens, tels ceux qui, à la suite de Michel Vâlsan par exemple, ont cru pouvoir tirer de l'oeuvre de Guénon des conclusions « panislamiques ». Et pourtant, que l'économie eschatologique fût largement imprévue, Guénon nous en avait... prévenus, en deux endroits au moins. Ainsi dans les Aperçus sur l'Initiation [13], en évoquant le redressement qui ne pourra être préparé, avant la fin du cycle actuel, « que par celui qui, unissant en lui les puissances du Ciel et de la Terre, celles de l'Orient et de l'Occident, manifestera au-dehors, à la fois dans le domaine de la connaissance et dans celui de l'action, le double pouvoir sacerdotal et royal conservé à travers les âges, dans l'intégrité de son principe unique, par les détenteurs cachés de la Tradition primordiale. Il serait d'ailleurs vain de vouloir chercher dès maintenant à savoir quand et comment une telle manifestation se produira, et sans doute sera-t-elle fort différente de tout ce qu'on pourrait imaginer à ce sujet ; les "mystères du Pôle" (el-asrâr-el-qutbaniyah) sont assurément bien gardés, et rien n'en pourra être connu à l'extérieur avant que le temps fixé ne soit accompli. » Le Maître écrivait ceci en 1946, alors même que son oeuvre était pratiquement achevée [14]. Cela signifiait clairement, contrairement à ce que certains purent penser, que la clef de l'ultime théophanie ne nous avait pas été livrée. Que rien, même, n'en était connu... et que l'on aurait donc, en tout état de cause, grand tort de conclure de son oeuvre à l'obsolescence du christianisme. Ce serait pour un Occidental (et sauf rarissime exception), se rebeller contre la Divine Providence sur le plan de la pratique (...ou de l'absence de pratique) religieuse et ce serait également, on l'a vu, méconnaître une donnée essentielle de l'économie eschatologique : le fait que le continent nord-américain sera « sauvé » par les Français d'outre-Atlantique et les Indiens, à qui est d'ores et déjà destiné le christianisme, et lui seul.

Et puis, de ce que nous affirmons ici, il existe à vrai dire une preuve qui aurait pu nous dispenser de toutes les autres : les Apparitions mariales de Lourdes et de Pontmain (toutes deux mentionnées par Guénon...), en un temps, donc, où à en croire certains « égarés », le sort du christianisme était déjà scellé. Ce qui n'empêcha pas la Vierge corédemptrice, et même à Lourdes, suprême privilège de la France, son archétype incréé, de délivrer un message de salut pour les temps de la fin. Et de le délivrer, bien sûr, aux chrétiens, car le Ciel n'est jamais « choquant », et le plus humble des fidèles ne saurait être troublé par un « universalisme » encore théorique et qu'il ne pourrait donc intégrer à sa foi. (Ce qui, soit dit en passant, suffit d'ailleurs à dénoncer la fausseté de la bavarde et « pentecôtiste » apparition de Medjugorje —  qui sert de relais à Fatima pour la subversion néo-spiritualiste des pays de l'Est.)

Sans doute comprend-on mieux maintenant le sens profond de cette tradition qui fait de la France la « Fille aînée de l'Église ». Demeure cependant une question fort importante, que nous avons déjà soulevée. La sacralisation de l'Hexagone a trouvé sa manifestation la plus éclatante lors du baptême de Clovis, fondant en somme la véritable royauté française « de droit divin ». N'est-il pas logique dans ces conditions de rechercher la trace « historique » d'un pouvoir temporel légitimement issu de cette épiphanie originelle et qui, complétant l'autorité spirituelle représentée ici par la Sainte Église, serait lui aussi exempt des déviations et des altérations d'une « monarchie » française avec laquelle il entretiendrait, analogiquement, les mêmes relations que la Sainte Église avec Rome ?


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[1] Éd. Bordas, 1978.

[2] Cf. Dominique Paladilhe, Les Papes en Avignon.

[3] Cf. « Le Grand Schisme d'Occident », in L'Occultisme à Paris, éd. Émile-Paul, 1953. Nous lui sommes aussi redevable des erreurs qui pourraient s'y trouver, mais ne remettent nullement en cause l'essentiel. Le contexte très insolite de cette divulgation, reprise et exploitée par quelques auteurs, dont Paul Arnold qui en tira un roman (Une larme pour tous, Le Mercure de France, 1961), amène d'ailleurs à s'interroger, sachant qu'elle ne put avoir lieu sans la permission expresse du Pôle. S'agissait-il de « contre-feux » ?

[4] Saint Pierre, crucifié la tête en bas, dut expier post mortem son reniement pendant cinquante jours (préfigurés par les cinquante jours séparant la Résurrection de la descente de l'Esprit à la Pentecôte), au cours desquels il occupa une position plus « périphérique ». Au reste, contrairement aux autres apôtres, il n'avait pas dépassé durant sa vie le degré initiatique de Rose-Croix (minimum requis pour intégrer le collège apostolique) et assumait donc les faiblesses d'une nature humaine dont il avait pourtant réalisé la perfection. De même, puisque la hiérarchie ecclésiastique était symboliquement représentée par les apôtres, Pierre fut bien sûr le portier (le premier des ordres mineurs), et Jean le prêtre...

[5] Sur un plan purement « opératif », le triste état de la communauté chrétienne prouve hélas que de nombreuses messes sont désormais invalides. Outre bien sûr l'intention du prêtre qui célèbre, le critère de validité, qui ne souffre pas la moindre altération, en est l'épiclèse dans le rite oriental, à quoi correspond en Occident l'invocation par le prêtre de la bénédiction du Saint-Esprit sur les oblations : « Veni, sanctificator, omnipotens œterne Deus : et bene+dic hoc sacrificium, tuo sancto nomini prœparatum. » La messe constitue en effet le coeur de l'Église. C'est par elle que le sang circule... ou se corrompt, pour le plus grand profit des influences subversives. Ainsi existe-t-il une sorte de « pathologie » psychique propre aux fidèles qui assistent à de « fausses messes », pour ne rien dire des prêtres à qui certaines « lumières » sont retirées. Ce qui amène bien sûr à recommander chaudement les messes selon le rite de saint Pie V célébrées essentiellement (quoique non exclusivement) par les « traditionalistes » qui, dans le meilleur des cas, reprennent en somme vis-à-vis de Rome le rôle de saint Paul s'opposant à saint Pierre. (Mais il faut hélas convenir qu'ils sont parfois de bien mauvais disciples de l'apôtre des Gentils !)

[6] Au contraire de tous les autres sacrements en effet, ce sont les époux qui en sont les ministres, et non le prêtre, qui officie en qualité de témoin. La preuve en est qu'avant le concile de Trente, la promesse mutuelle des époux, en dehors même de toute intervention de l'Église, suffisait à rendre le mariage valide.

[7] Ce terme d'apparence « gnostique » qui n'appartient pas au vocabulaire guénonien déroutera sans doute beaucoup de lecteurs. Oubliant le gnosticisme historique au profit de la Gnose, il faut y voir, dans la modalité subtile de chaque tradition, le noyau central des « élus » réintégrés dans l'état primordial, qui reçoivent directement l'influence spirituelle émanée de l'archonte. C'est-à-dire d'une entité archangélique identifiée dans le christianisme à Mikaël, et qui représente en somme une «spécification » du Verbe, envisagé non pas dans son universalité mais dans ses rapports avec les différentes formes traditionnelles qu'il génère. Ainsi s'explique l'assimilation de Mikaël au Christ dans le Pasteur d'Hermas, cité par Guénon (Le Roi du monde , chap. III). S'il existe deux éons dans le christianisme, il ne peut évidemment y avoir qu'un seul archonte, sinon nous serions en présence de deux formes traditionnelles distinctes. Le mot « égrégore » quant à lui, bien qu'il relève du langage occultiste (cf. R. Guénon, Initiation et Réalisation spirituelle, chap. VI), est tellement « passé dans les moeurs », que nous nous autoriserons son emploi, pour la commodité de l'exposé. Il s'agira alors de l'entité psychique collective constituée par les membres passés (non encore réintégrés dans l'état central) et présents de la tradition.

L'éon (l'Église triomphante), réceptacle de l'influence spirituelle descendant le long de l'axis mundi, peut être symbolisé par la fontaine d'eau vive paradisiaque, dont panent « horizontalement » les quatre fleuves qui, au-delà du Pardes, traversent le Purgatoire (l'Église souffrante) jusqu'aux extrémités du domaine subtil de la tradition considérée. L'Église militante, elle, composée des membres vivants de la tradition (l'autre « moitié » de l'égrégore), bénéficiera de l'influence spirituelle exerçant son action dans le domaine individuel, par l'intermédiaire déjà étudié du Dépôt de Pierre, réceptacle des eaux qui cette fois sortent « de dessous le seuil de la maison », selon la vision d'Ézéchiel (XLVII, 1-12).

Ce très succinct exposé permet néanmoins de comprendre que lorsque nous aurons à évoquer certaines tentatives contre-initiatiques visant l'égrégore de telle ou telle tradition, il sera uniquement question de cette partie de l'égrégore composée de membres vivants, qui seuls peuvent être atteints par ces manipulations.

[8] Chap. I, « A propos des langues sacrées ».

[9] Études sur la Franc-Maçonnerie et le Compagnonnage, t. I.

[10] Prière plus riche de grâces qu'aucune autre, de quelque tradition qu'elle relève.

[11] Une des conséquences de cette occultation, nous l'avons dit, fut qu'aucun initié chrétien ne put dès lors occuper de fonction ecclésiastique, et que l'ésotérisme fut donc, pour la participation aux sacrements, tributaire de l'exotérisme. Ce nouvel état de chose est prophétisé par les célèbres paroles du Christ ressuscité à Pierre, au moment où il l'institue chef de son Église. Sur les bords du lac de Tibériade en Galilée, il interroge par trois fois son disciple : « Simon, fils de Jean, m'aimes-tu ? » Les deux premières fois, après que Pierre l'a assuré de son amour, le Christ reprend la parole « Pais mes agneaux », ce qui s'entend du seul exotérisme. « Une troisième fois Jésus interpelle Pierre : "Simon, fils de Jean, m'aimes-tu ?" A ce coup l'apôtre n'y tint plus. Ces trois appels que fait Jésus à son amour ont réveillé en lui le triste souvenir des trois reniements qu'il eut le malheur de prononcer devant la servante de Caïphe. Il y sent une allusion à son infidélité encore si récente, et c'est en demandant grâce qu'il répond cette fois avec plus de componction encore que d'assurance : "Seigneur, dit-il, tout vous est connu ; vous savez que je vous aime." Alors le Seigneur mettant le dernier sceau à l'autorité de Pierre, prononce ces paroles imposantes : "Pais mes brebis." » (Dom Guéranger, L'Année liturgique, le Temps pascal, t. II.) Et cette fois, ces « brebis » symbolisent l'ésotérisme.

[12] « J'ai encore d'autres brebis, qui ne sont pas dans cette bergerie ; il faut aussi que je les amène, et elles entendront ma voix, et il y aura une seule bergerie, un seul pasteur. » (Saint Jean, X, 16.)

[13] Chap. XL, « Initiation sacerdotale et initiation royale », in fine.

[14] Les Aperçus sur l'Initiation et La Grande Triade, ses deux derniers livres, furent publiés la même année, et il ne donna plus, jusqu'à sa mort, que des articles.

(Jean Robin, Le Royaume du Graal, ch. XXXV)


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